Vague « me too » dans le domaine de la voile… La bourse aux équipiers de Vogavecmoi.com est-elle concernée ?

Metoo débarque dans le monde de la voile couverture du canard enchainé

Réponse à l’article de Reporterre : Viols, harcèlement… Des femmes brisent le silence sur les violences en haute mer

Fondé en 2010, le site vogavecmoi.com, principale plateforme francophone de bourse aux équipiers ou de co-navigation (95.000 inscrits et chaque année environ 5000 adhérents actifs) se voit obliger de répondre à un article publié le 29 mai 2024 sur le site Reporterre. En effet, nous avons été surpris de cette publication qui peut laisser penser à ses lecteurs que la bourse aux équipiers ou co-navigation est une activité dangereuse parce que regroupant de nombreux pervers sexuels et qu’il n’existerait aucune façon de pratiquer la co-navigation en sécurité pour les femmes. Près de 50% des membres du club VOG sont des femmes et c’est ainsi depuis 2010 … Si l’on peut reconnaître à cet article de nombreuses vertus, nous pouvons regretter toutes les imprécisions et confusions qui règnent au sein de celui-ci dans le but évident « de jeter un pavé dans la mare ». Si l’intention de faire avancer la cause de la lutte contre les violences et le harcèlement sexuel est louable et au coeur de nos préoccupations, nous veillerons à ce que « le bébé VOG ne soit pas jeté avec l’eau du bain médiatique ».

Le début de l’histoire : une tribune annulée sur BFM TV pour le fondateur du club VOG

Samedi 1er juin 2024, je reçois (Antoine co-fondateur de Vogavecmoi.com) un message d’un journaliste de BFMTV. Le voici :

Ce SMS m’interroge ? En quoi, l’affaire de harcèlement sexuel présumé concernant le skipper de course au large Kevin Escoffier, révélée par le Canard Enchaîné il y a quelques mois, peut-elle concerner Vogavecmoi.com, principale plateforme francophone de co-navigation ? Y a-t-il une affaire d’agressions ou de violences sexuelles concernant des co-navigateurs dont je n’ai pas encore eu « vent » ? Selon ce SMS, je suis invité pour parler des outils mis en place pour éviter les dérives qui peuvent exister. NON, VOG n’a pas mis en place d’outils spécifiques pour prévenir le harcèlement ou les violences sexuelles, car nous n’avons pas eu jusqu’à présent à traiter ce type de problème. En revanche, nous offrons à nos membres, qui pratiquent la co-navigation depuis 2010, un cadre qui présente le maximum de sécurité eu égard à ce type d’activité (adhésion au club pour contacter les membres, certification d’identité, système d’avis entre membres…) , et c’est sûrement toutes ces mesures générales de sécurité qui nous ont protégé notre communauté jusqu’ici.

J’apprends, par l’intermédiaire du journaliste, que l’émission en projet devrait faire intervenir 4 personnes :

  • Raphaëlle Ugé fondatrice du groupe Facebook « Balance ta voile » qui a arrêté de travailler en tant que monitrice de voile dans une célèbre école de voile : « J’avais arrêté de travailler en école de voile en 2018 justement après une saison très compliquée en termes de violences sexistes »(voir l’interview dans voiles et voiliers) ;
  • Un porte-parole de l’association « Colosse aux pieds d’argile » qui sensibilise et prévient les risques de violences sexuelles, de bizutage et de harcèlement dans le milieu sportif et éducatif et qui est sous mission avec la Fédération Française de Voile ;
  • Une victime de harcèlement sexuel qui témoignerait de façon anonyme
  • Et moi-même, co-fondateur de Vogavecmoi.com

Finalement l’émission ne se tiendra pas car j’étais le seul participant disponible.

Quelques jours plus tard, le 3 juin 2024, j’apprends pourquoi BFTV s’intéresse enfin à la co-navigation, hélas sous un mauvais jour. Le média de l’écologie, Reporterre vient de publier un article le 29 mai intitulé : Viols, harcèlement… Des femmes brisent le silence sur les violences en haute mer. Le titre est effectivement suffisamment « obscur » pour intéresser la télévision.

Que faut-il retenir de l’article de Reporterre ?

Cet article a clairement pour but d’étendre le phénomène « me too » lancé dans la course au large professionnelle au monde de la plaisance, par la fenêtre de la bourse aux équipiers ou co-navigation. Sur la base de 2 témoignages, de 2 bateaux stoppeuses qui ont toutes deux embarqué pour des transatlantiques avec des capitaines n’embarquant que des femmes à bord.

  • Manon et ses 4 amies ont choisi un capitaine qui ne souhaitait embarquer que des jeunes filles inexpérimentées, mais ne supportait pas leur consommation d’eau liée à leur hygiène quotidienne ni leur inexpérience nautique.
  • Le skipper de Lucie, au bout de deux jours, est tombé amoureux d’elle et lui a proposé de partager sa couchette. Elle a su, par la suite, qu’il avait fait demi-tour pendant sa transatlantique pour venir la chercher (probablement qu’aucune des autres femmes embarquées n’était tombée amoureuse de lui…)

1°) Des violences sexistes qui existent et qui sont inadmissibles

A la lecture des témoignages récoltés sur les groupes Facebook et mis en lumière par l’article de Reporterre, les cas de violences et d’agressions sexuelles ne sont pas rares à bord des bateaux. C’est la raison pour laquelle, nous conseillons à tous les équipiers, notamment les équipières, de prendre le temps de faire connaissance, de rencontrer les membres au préalable et de commencer par une courte navigation commune. En cas de doute, il n’y a pas de doute, n’embarquez pas ! La possibilité de réaliser un rêve de navigation ne doit pas vous faire baisser votre garde et amoindrir votre vigilance.

2°) Une prévention utile sur les risques encourus lors d’une transatlantique ou d’un embarquement en bateau stop

Nous trouvons très utile qu’un média généraliste s’empare du sujet pour prévenir les jeunes bateaux stoppeurs que voyager en bateau en tant qu’équipier(e) n’est pas une activité sans risque. En effet, depuis 15 ans, que nous gérons la bourse aux équipiers vogavecmoi.com, nous voyons de plus en plus de jeunes gens (filles et garçons), pour la plupart, débutants complets en voilier, souhaitant faire une transatlantique. Comme nous le rappelons souvent sur Vogavecmoi, la transatlantique est un projet long et engageant qui ne doit pas être entrepris « à la légère ». La réussite d’une transatlantique dépend de nombreux facteurs que ne peuvent pas maîtriser des débutants :

  • le capitaine a-t-il les compétences nécessaires pour amener le bateau de l’autre côté de l’atlantique ? (On pourrait présumer qu’un skipper se lançant dans une transatlantique est compétent, mais méfiance, ce n’est pas toujours le cas)
  • son bateau est-il capable de faire la traversée (sous-entendu le bateau a-t-il été spécialement préparé pour la transatlantique ? )
  • L’équipage est-il recruté de manière cohérente (en nombre, en compétence, en caractère de chacun…)
  • Suis-je moi-même capable de passer au minimum 3 semaines sur un voilier sans toucher terre en vase clos avec un équipage inconnu avant l’embarquement ?

Par ailleurs, quand bien même tous les prérequis ci-dessus seraient remplis, une transatlantique n’est pas sans risque, même pour des marins expérimentés. En matière de navigation : une personne peut toujours tomber à la mer, être blessée lors d’une manoeuvre dangereuse ou lors d’une simple chute à bord. Il ne faut pas oublier que chaque année, entre 500 et 1000 bateaux de plaisance transatent, mais il arrive que certains navires coulent… avec leur équipage (Exemple 1, Exemple 2 …)

L’article de Reporterre a le mérite de mettre en lumière qu’outre tous les risques précités, le risque de tomber sur des pervers sexuels ou des capitaines malsains n’est pas à exclure. En effet, embarquez sur un bateau avec un capitaine pervers, c’est clairement se jeter dans la gueule du loup ! Sur le bateau, la victime se retrouve chez son prédateur et ne peut pas s’enfuir.

Chez VOG, nous avons publié depuis longtemps de nombreux articles de conseils qui font autorité sur le web au sujet :

  • des femmes qui souhaitent pratiquer la co-navigation
  • des équipiers qui souhaitent trouver et réussir une transatlantique.

Liste de nos conseils destinés aux co-navigatrices :

Liste de nos conseils destinés aux candidats équipiers ou équipières souhaitant faire une traversée de l’atlantique en voilier :

3°) Une prévention utile à l’intention des équipières qui souhaiteraient utiliser des groupes Facebook ou des sites internet de bourse aux équipiers gratuits

L’article s’offusque qu’aucune prévention, qu’aucun contrôle ne soit exercé par les sites gratuits de bourse aux équipiers gratuits ou les groupes Facebook

Extrait de l’article de Reporterre

VRAI : aucun site internet gratuit de bourse aux équipiers ou groupe Facebook n’apporte de sécurité à ses utilisateurs. Pourquoi ? Pour exercer un contrôle, il faut avoir des moyens humains. Chez VOG, nous sommes 7 salariés à temps plein. Ce n’est le cas nulle part ailleurs, car VOG est la seule plateforme de co-navigation francophone gérée professionnellement. Pour avoir de la sécurité, il faut accepter de payer pour cela (l’adhésion à VOG commence à 12€/mois jusqu’à 79€/an). Enfin, 99,9% des membres de VOG utilisent une CB pour régler leur adhésion, ce qui constitue, en soi, un moyen de tracking efficace permettant de retrouver facilement une personne qui se comporterait mal.

Les militantes exigent le contrôle des profils utilisant les sites de bourse aux équipiers ou groupe Facebook

Extrait de l’article de Reporterre

VRAI : Elles ont raison. Sur les sites internet gratuits et Facebook, la plupart des utilisateurs ont des profils sous pseudos. Cette pratique n’est pas admise sur Vogavecmoi.com et nous proposons, pour apporter encore plus de sécurité, une procédure de certification d’identité des profils. Toutefois, ce qui est FAUX, c’est que les sites de bourse aux équipiers gratuits sacrifient leurs membres au profit des revenus de la publicité. Ces revenus s’il y en a, doivent être très faibles (quelques centaines d’euros par mois au maximum) et ne peuvent pas contribuer à employer des salariés chargés du contrôle. C’est la raison pour laquelle, le club VOG exige une cotisation de ses membres.

Les nuances que nous aurions aimé lire dans l’article de Reporterre

1°) Les sites de bourse aux équipiers ne font pas leur travail de modération et laisse passer les annonces (et leurs auteurs) potentiellement dangereuses pour les femmes

Extrait de l’article Reporterre

C’est FAUX, sur vogavecmoi.com, vous ne trouverez pas ce type d’annonces. A vrai dire, nous n’avons même pas besoin de les supprimer et de bannir leur auteur, car ce type d’annonces n’est pas posté chez nous. Contrairement à tous les autres services de bourse aux équipiers francophones, VOG existe depuis 15 ans et a toujours fait l’objet d’un suivi professionnel de ses membres et de ses annonces. VOG est un club dans lequel ses utilisateurs doivent adhérer si ils souhaitent naviguer, ont la possibilité de faire certifier leur identité et qui récoltent des avis laissés par leur équipage suite à une navigation. VOG n’est donc clairement pas l’endroit, où les pervers sexuels viennent se cacher…

2°) Nous aurions aimé que l’auteur de l’article ne mélange pas tout ! Et que soit distingué clairement le contexte de chacun des témoignages ou intervenants cités dans l’article

La plupart des témoignages de violences et les intervenants cités dans l’article ne concernent pas directement la plaisance. Par exemple, sont cités :

  • le cas personnel de Raphaëlle Ugé la fondatrice du Groupe Balance ta voile, qui était monitrice professionnelle de voile,
  • une enquête réalisée par la Fédération Mondiale de Voile de 2019 concernant la voile de haut niveau…
  • l’affaire Kevin Escoffier, concernait une attachée de presse qui travaillait dans la même écurie de course au large que le skipper (la FFV a annulé depuis les sanctions concernant le skipper) …

Effectivement ces cas et témoignages révèlent des dérives que l’on peut observer dans tous les milieux professionnels principalement masculins, ou dans l’encadrement des enfants par des adultes, dès lors qu’il y a des rapports hiérarchiques, d’autorité ou d’admiration.

Toute l’accumulation de ces témoignages et rappels d’affaires a pour effet de noircir inutilement le paysage de la co-navigation et des plaisanciers, et nous trouvons cela très dommageable.

Pour être clair, il aurait fallu, à chaque fois, bien rappeler au lecteur dans quel contexte, les violences ont été commises :

  • dans le milieu professionnel (course au large et/ou course au large)
  • dans le milieu adultes/mineurs (Voile de haut niveau FFV)
  • les témoignages qui concernent des bourses aux équipiers (plaisance)

A cause de ce manque de précision, cet article est de nature à décourager toutes femmes d’embarquer sur un bateau ! C’est bien dommage, car le club VOG compte environ 50% de membres « femmes ».

3°) Nous aurions aimé que l’article ne laisse pas croire qu’il y a une impunité pour les capitaines agissant ainsi

Il est FAUX de laisser croire qu’il y aurait une impunité pour les plaisanciers, propriétaires de bateaux agissant « mal » à l’encontre de leurs « équipières ». En matière de bourse aux équipiers ou co-navigation, il n’existe pas un « milieu » qui a intérêt à faire perdurer un tel système. La communauté des propriétaires de bateaux embarquant des équipiers n’a aucun intérêt à soutenir d’odieux personnages se comportant mal.

4°) Nous aurions aimé que Vogavecmoi.com ne soit pas assimilé aux sites de bourse aux équipiers gratuits ou groupe Facebook qui pullulent sur internet

Autrefois, on ne conseillait jamais à une fille de 18 ans de se déplacer en auto-stop. Aujourd’hui, Blablacar, en tant que plateforme de co-voiturage, est devenu le principal moyen de transport des étudiantes et étudiants. Le site Vogavecmoi.com a opéré la même évolution avec le bateau-stop et les sites de bourse aux équipiers gratuits ou groupe Facebook. Vogavecmoi en tant que véritable plateforme de co-navigation a réussi à développer la pratique tout en la sécurisant.

Bateau stop/ Sites de bourse aux équipiers / Groupes FacebookVogavecmoi.com
AvantagesGratuité• Des milliers d’opportunités de navigation sérieuses
• Certification d’identité des profils
• Certification de l’assurance RC des voiliers
• Système d’avis entre les membres
• Equipe de 7 salariés s’occupant de surveiller les annonces, les profils et les avis négatifs
InconvénientsPeu d’opportunités sérieuses – Aucune sécurité (comme en auto stop)Adhésion (à partir de 12€/mois ou 79€/an)
Avantages et inconvénients des différentes solutions pour pratiquer la co-navigation

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