Vous souhaitez traverser l’atlantique en voilier ? Combien de temps faut-il prévoir ? Peut-on embarquer toute l’année quelque soit la route envisagée (transatlantique aller ou retour) ? Voici un article qui répond à ces questions et bien plus encore pour ceux qui sont intéressés par un tour du monde en voilier !
Près de 10.000 voiliers voyagent de par le monde. Ces bateaux empruntent, dans leur immense majorité des itinéraires bien connus, les routes de grande croisière, des routes qui comportent des étapes où ils arrivent et repartent dans des plages de dates assez précises.
Un planning, des dates, en voilier, mais pourquoi ? Pour une raison tout ce qu’il y a de naturelle, les voiliers voyagent en suivant les vents dominants !
Les vents dominants pour traverser l’atlantique en voilier ou faire le tour du monde!
La force de Coriolis engendre, aux pôles, des vents d’est (venant de l’est) polaires.
Ce sont ces vents qui entraînent la direction ouest (venant de l’ouest), des vents dominants des zones comprises entre les 30°N et 30°S de latitude, soit, plus ou moins les zones délimitées entre le tropique du Cancer au Nord et le pôle nord et celles s’étendant entre celui du Capricorne et le pôle sud au sud.
Entre les deux tropiques, c’est le règne des vents d’est (venant de l’est), qui tendent rejoindre la direction de l’équateur.
Cette organisation générale des vents se retrouve aussi dans le Pacifique.
Les plus belles escales des traversées
Le comportement en mer d’un voilier est très différent selon qu’il navigue avec le vent lui arrivant des ¾ arrière ou de côté ou qu’il navigue vers le vent.
Avec le vent de ¾ (au portant) ou de côté (au travers), l’allure est confortable, la vitesse est élevée et l’avant du bateau est soulagé par la voile d’avant ce qui lui évite de taper dans les vagues.
En se dirigeant vers le vent, au près, l’avant n’est plus soulagé, le bateau tape et la vitesse du vent s’ajoute à celle du bateau pour créer des sensations pas toujours agréables.
Les marins de grande croisière, pas fous, choisissent d’utiliser les vents dominants pour leur confort et préfèrent naviguer au portant ou au travers.
C’est ainsi que sont nées, depuis le moyen-âge pour la plupart, les escales de grande croisière.
Les Canaries, le Cap-Vert, Madère ou les Açores, Sainte-Lucie, Panama ou le Brésil et la Patagonie, les Galapagos, les Marquises, la Polynésie, les Tuamotus, l’Australie, l’Indonésie, la Thaïlande, Maurice, l’Afrique du Sud par le Cap de Bonne-Espérance, puis la Namibie, le Brésil, le Nord des Antilles et enfin… L’Europe !
Certaines escales sont particulièrement fréquentées car elles concernent différents programmes comme les tours du monde d’est en ouest mais aussi le tour de l’Atlantique.
Il s’agit par exemple de Las Palmas à Gran Canaria, de Horta aux Açores ou de Tahiti où passent près de 1500 voiliers chaque année, 2500 passant par Panama…
Les saisons cycloniques dictent les périodes de traversée de l’atlantique en voilier et des autres océans
Naviguer dans 20 nœuds de vent portant, c’est agréable, que ce vent se transforme en cyclone et c’est la catastrophe. Les saisons cycloniques ne sont pas des mythes et la fréquence de ces événements est particulièrement plus importante à ces moments.
Dans l’hémisphère nord, la saison cyclonique s’étend l’été c’est à dire entre Juin et Septembre. Pour l’Atlantique, la saison cyclonique bat son plein entre début Juillet et fin Octobre, la période la plus active pour les îles antillaises s’étire du 15 août au 15 octobre chaque année. L’été, et plus particulièrement la fin de l’été aux Antilles et dans le Pacifique nord voient se succéder des dépressions qui atterrissent sur les îles ou sur la côte continentale.
Dans l’hémisphère sud, la saison cyclonique se déroule, entre Décembre et Avril.
L’océan Indien, le Pacifique Sud et l’Australie subissent de nombreuses dépressions qui se transforment parfois en cyclones.
Le calendrier des traversées de l’atlantique en voilier
Les saisons cycloniques impactent fortement les plannings de navigation à la voile et c’est tout naturellement que les dates de traversées évitent ces périodes.
Durée de la traversée de l’atlantique « aller »
Traverser l’Atlantique en voilier représente un parcours de près de 5500 NM entre les côtes atlantiques françaises et les petites Antilles. La traversée se fait en descendant d’abord sud, via les Canaries, Madère, les Açores ou le Cap Vert. Pour atteindre ces îles il faut traverser le golfe de Gascogne, connu pour ses redoutables tempêtes hivernales, aussi cette première phase se tient généralement en été, pour profiter des îles, ou à la fin de l’été, en tout début d’automne si il est question de ne s’y arrêter que quelques jours.
La Rochelle – Las Palmas, 1400 NM, 18 à 20 jours.
Las Palmas – Sainte – Lucie, 3000 NM, 20 à 25 jours.
Durée de la traversée de l’atlantique « retour »
C’est un parcours 4500 NM qui passe par les Açores et représente une cinquantaine de jours de navigation au total. Le départ à lieu d’un point des Antilles, à la fin de la saison des régates. De nombreuses régates se tiennent en hiver aux Antilles et les voiliers qui y participent traversent vers la Méditerranée à cette période.
Une fois arrivés aux Antilles, courant novembre-décembre, les voiliers y restent généralement l’hiver pour profiter de ce bassin de navigation merveilleux.
Durée de la transpacifique « aller »
Ceux qui y sont depuis l’année précédente se mettent en mouvement vers le Pacifique en suivant deux routes.
La route courte passe par le canal de Panama pour obliquer vers les Galapagos puis les Marquises.
Les voiliers effectuent généralement ce passage en janvier-février-mars, avant la saison cyclonique Pacifique. Depuis le canal de Panama, c’est une traversée de 50 jours environ, 5000 NM.
La route longue descend l’arc antillais, la côte brésilienne, l’Argentine, la Patagonie pour passer dans le Pacifique et remonter vers l’île de Pâques puis la Polynésie, c’est au moins 50 jours de plus.
Depuis la Polynésie, il y a deux options, certains voiliers décident de gagner la Nouvelle-Zélande. Cette séquence a souvent lieu début novembre.
L’autre option, courue des Français, consiste à cingler vers la Nouvelle-Calédonie puis Brisbane en Australie, à la même période pour éviter les dépressions hivernales de décembre et janvier.
Peut-on faire une transpacifique "retour"? En théorie, on peut effectuer cette traversée de trois manières : - Une route directe depuis l’Australie, au près sur 5000 NM, - Une route sud, via les 40e rugissants : 50 jours, personne à l'horizon et très peu de possibilités de secours. - Une troisième route consistera à traverser toute l’Asie du sud-est puis le pacifique nord avant de toucher les USA. En réalité, mieux vaut ne pas compter sur une transpacifique retour !
Traverser l’Asie du Sud Est en voilier
Les deux routes rejoignent ensuite le nord de l’Australie pour entrer dans le détroit de Torres et traverser l’Asie du Sud-Est, entre avril et juillet. Beaucoup de bateaux s’arrêtent en Thaïlande, un pays sûr, aux escales superbes avant d’entamer la manche suivante. La route nord représente environ 4000 NM pour 35 à 40 jours. Ces distances et durées ne signifient pas grand-chose car les escales et les îles sont très nombreuses.
Traverser l’océan Indien en voilier
La prochaine phase c’est la traversée de l’Océan Indien, depuis la Thailande, avec escales aux Chagos, Diego Garcia et à l’île Maurice avant de contourner l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance. C’est un gros morceau de 6000 NM. Cette route s’entreprend après la saison cyclonique, entre avril et novembre.
Traversée l’atlantique sud du Le Cap de Bonne-Espérance jusqu’au Brésil en voilier
L’avant-dernière phase s’effectue depuis le Cap via la Namibie, les Îles Sainte-Hélène, Fernando de Noronha, la côte Brésilienne, les Antilles pour boucler ensuite ce long périple par la transatlantique retour que nous avons décrite plus haut.
Il faut entre 30 et 40 jours pour avaler les 3650 NM entre Le Cap et Recife au Brésil.
Traversée de la mer rouge et du canal de Suez
La route nord, qui consiste à remonter l’Océan Indien puis la Mer Rouge n’est quasiment plus pratiquée compte tenu de la situation en Mer Rouge, au large de la Somalie et de l’Erythrée ou des pirates ont entrepris des actions contre des navires à plus de 300 NM des côtes. C’est dans ces eaux que le drame du Tanit s’est déroulé, il y a quelques années.
En mer encore moins qu’ailleurs, rien ne doit être laissé au hasard. C’est ainsi que les skippers autour du monde profitent des vents dominants, évitent les périodes de fort risque cyclonique tout comme ils évitent les zones où fait rage la piraterie. Des précautions indispensables pour que l’aventure d’une vie reste un bon souvenir !
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