Burn Out du propriétaire de bateau : conseils pour l’éviter quand vous avez une vie en équipage trop remplie

Burn out du propriétaire de bateau

En 2020, l’un de nos supers-conavigateurs avait posté sur son profil Facebook une lettre d’adieu à vogavecmoi.com, expliquant comment ses fréquentes expériences de co-navigation l’avaient épuisé et comment certains équipiers ne prenant pas soin du bateau ou discutant sans cesse du partage de frais étaient venu à bout de sa patience et de son envie de partage de son bateau! Etait-ce une manifestation du Burn out du propriétaire de bateau?

Attristé par cette décision mais la respectant à 100%, nous publions aujourd’hui cet article pour éviter le Burn Out du propriétaire de bateau ou le surmenage de la vie en équipage! Espérant que cette petite histoire fictive de Jean-Louis, suivie de quelques conseils aux propriétaires et aux équipiers permettront à chacun de vivre de belles expériences de co-navigation sans franchir le point de non retour!

Cette histoire et ces conseils sont, bien sûr, 100% applicables, aux skippers et propriétaires de bateaux quelque soit l’origine de leur équipage (groupe d’amis, famille…).

Une histoire pour bien identifier les causes et la manifestation du Burn Out du co-navigateur

Terre de Haut, Les Saintes (Guadeloupe)

Ce matin, Jean-Louis est fatigué. Il n’a pas bien dormi, au mouillage aux Saintes, sur son Lagoon 40. Le mouillage est rouleur et il lui a semblé, toute la nuit, que son ancre dérapait. Stress.

Alors, ce matin, son humeur n’est pas au beau fixe. Tout lui semble difficile et compliqué.

Alors, quand s’éveillent, émerveillés et -un peu- malades, ses équipiers Vog, venus tout spécialement de métropole pour une croisière d’hiver, l’entrain de Jean-Louis n’y est pas.

Lui qui est d’ordinaire un extraordinaire boute-en-train, jamais avare d’anecdotes, d’explications techniques ou historiques, qui pêche comme un as et maîtrise aussi parfaitement l’art des cocktails que celui du banjo, il n’a pas la pêche. 

Il est fatigué par cette nuit mais aussi par les six précédentes semaines de co-navigation, enchaînées sans pause, au cours desquelles il a cohabité avec plus de 35 personnes différentes, jour et nuit.

De bon matin, Denise et Jean-Marc, de tous jeunes et énergiques retraités, le guide du routard en main, lui demandent de les déposer à terre pour y prendre le petit déjeuner. Il s’exécute en bougonnant mais lâche le bout de son palan de bossoir et fracasse l’embase du hors-bord de son dinghy sur l’arrière de son bateau en le mettant à l’eau…

Un incident maladroit qui lui arrache un juron en même temps qu’un éclat de gelcoat de la taille d’une main d’enfant… 

Denise : “Allons Jean-Louis, ce n’est pas grave !”

Intérieurement, Jean-Louis se dit “Mais qu’en savez vous que ce n’est pas grave ? Je ne sais pas faire ce genre de réparation qui va me coûter un billet de 500 €. Mon Dieu que ce bateau est cher à entretenir…”

De retour à bord, Steeve et Laura, des trentenaires, adeptes de randonnée, fraîchement émergés de leur cabine, lui demandent de les conduire à terre, pour explorer l’île.

Jean-Louis, accepte, sans sourire et grince “Vous auriez pu vous lever plus tôt, je reviens de la jetée…”.

“Nous sommes en vacances”, ajoute Laura, agacée. 

Jean-Louis démarre et pense à acheter du pain à terre.

En route vers la terre, distante d’un mille, le hors-bord tousse, puis s’arrête…

Panne sèche. Jean-Louis, fatigué, n’a pas vérifié le niveau de son réservoir avant de repartir vers la terre ferme.

« Bo _ _ _ l de m_ _ de !” Hurle-t-il !

“Quoi, c’est grave ?” Demandent en cœur Steeve et Laura ?

“Non c’est pas grave” répond sèchement Jean-Louis en se déshabillant avant de se mettre à l’eau pour tracter, à la nage, son annexe jusqu’à la jetée…

Arrivé exténué sur la plage, après une heure de natation en mode remorqueur, Jean-Louis rencontre Denise et Jean-Marc qui l’attendaient pour remonter à bord.

“Pourquoi voulez-vous déjà remonter à bord? » Leur demande-t-il abruptement, tout dégoulinant d’eau de mer ?

“Et bien pour la suite du programme, vous nous aviez écrit que nous visiterons aussi Terre-de-bas avant de partir pour la Dominique.” Répondent-ils en cœur…

“Je crois que ça ne va pas être possible”, renâcle Jean-Louis, “Je suis en panne sèche, il me faut trouver du carburant pour le dinghy. En plus, j’ai laissé mon portefeuille à bord. L’un d’entre vous aurait-il des espèces ?”

Steeve lui tend 20 €, maussade, et Jean-Louis s’éloigne, trempé, en direction du bourg, à la recherche de carburant pour sa nourrice.

De retour une heure plus tard, le bras allongé de 10 cm par les 10kg de la nourrice, il retrouve ses équipiers qui l’attendent de pied ferme.

“Tu as fait quoi tout ce temps, on attend en plein soleil” l’accueille Laura.

“Et on a perdu du temps” ajoute Denise. “Ce n’est pas normal de tomber en panne sèche”, dit Steeve tandis que Jean-Marc ajoute “Ni très prudent”.

Jean-Louis, qui n’a pas encore pris son petit déjeuner, il est 11 heures maintenant, les regarde d’un air aussi désabusé que désagréable…

Tout le monde embarque sur le dinghy vers le bateau. Le trajet retour se passe sans un mot. Laura glisse à Steeve “Il est pas sympa du tout ce gars”.

Jean-Louis, l’ouïe fine, entend et apprécie le commentaire…

Arrivé à quelques encablures du catamaran, il est presque midi et Aline et Doris, deux amies, apostrophent, furibondes, le petit groupe.

“Alors, c’est à cette heure là que vous arrivez ? En plus, il n’y a plus de pain pour le petit déjeuner et on est en retard sur le planning, nous devrions être au mouillage à Terre-de-Bas à cette heure…”

Jean-Louis vire au rouge vif tandis qu’il amarre son annexe. Il aide au débarquement des passagers et demande à Steeve de passer l’amarre du dinghy au taquet. Il monte à son tour et fait face aux deux amatrices de grasse matinée, très énervé. A ce moment-là, il tourne la tête et aperçoit son annexe voguer, seule et détachée, à 30 mètres de son bateau.

C’en est trop. 

“P_ _ _ _n mais t’es c_n Steeve ou quoi ? Je t’ai dit d’attacher l’annexe, pas de la laisser f _ _ _ re le camp !.” Explose-t-il.

“Mais il n’y en à pas un pour rattraper l’autre. Vous me faites tous ch _ _ r, j’en ai plein le dos de vos demandes permanentes, on n’est pas sur un p_ t _ in de paquebot, bon sang !”…

Ambiance…

4 conseils pour éviter le Burn Out du propriétaire de bateau

Amis capitaines ! Pour éviter d’en arriver las Burn Out du propriétaire de bateau durant une croisière en co-navigation, évitez les quatre erreurs qui sont venues à bout du sang-froid et de la bonne humeur de Jean-Louis !

  • 6 semaines de co-navigation avec des inconnus se succédant, six semaines sans pause ni intimité… c’est beaucoup trop long. Même chez les professionnels, les rotations, les shifts, ne revêtent pas cette durée. Prenez des pauses pour vous retrouver seul et souffler, à votre rythme. Nous vous conseillons de prendre quelques jours de repos, seul(e) sur votre bateau, entre deux changements d’équipage au moins tous les 15 jours.
  • Jean-Louis prend beaucoup d’équipiers car son bateau lui coûte plus cher qu’il ne l’imaginait. Du coup, il peine financièrement et doit se procurer des sources de revenus. Mieux vaut être financièrement à l’aise sur un plus petit bateau que serré sur un plus grand ! N’attendez pas que la participation financière demandée à vos équipiers couvrent la totalité de vos frais et dépenses liées au bateau. Pour des questions légales, ce n’est pas possible (voir l’article : La contribution aux frais du bateau dans la co-navigation vogavecmoi).
  • Jean-Louis est fatigué, c’est désagréable pour ses équipiers mais cet état joue aussi sur sa vigilance et le niveau de sécurité à bord. C’est la fatigue qui lui coûte son éclat de gelcoat et sa panne sèche, c’est encore elle qui prive de pain frais ses deux équipières…. Encore ces incidents ne sont-ils pas des accidents, heureusement. Sans repos, la fatigue s’accumule dangereusement…
  • Les équipiers de Jean-Louis ont un planning en mains, un planning édité par Jean-Louis dans le souci que ses équipiers prennent un maximum de plaisir au cours de cette croisière. La voile reste une aventure, faite d’impondérables météorologiques et de toute nature. Il faut laisser de la place à l’imprévu et le faire savoir ! Ne survendez pas l’aspect « visites à terre », qui doit être un bonus offert aux équipiers quand les contraintes de la navigation le permettent et qui jamais ne doit devenir une obligation supplémentaire pour le capitaine non professionnel que vous êtes!
  • Si vous êtes déjà en Burn Out, arrêtez vous, annulez vos co-navigations et patientez jusqu’à ce que l’envie d’accueillir de nouveaux équipiers revienne.

Conseils pour les équipiers qui se trouveraient à gérer le Burn Out du propriétaire de bateau qui les accueille

Camarades équipiers ! Pour éviter de vous trouver dans une telle situation, ne perdez pas de vue qu’une co navigation reste une aventure commune !

  • Le propriétaire de bateau co-navigateur n’est pas votre skipper, votre cuisinier ni votre guide touristique. Il partage sa passion pendant son temps libre et il n’est pas à votre service. Même si vous participez aux frais de la caisse de bord ou aux frais d’entretien du bateau, votre participation est minime dans le budget d’entretien du bateau et est très très loin de ce que vous pourriez payer pour effectuer la même navigation avec un skipper professionnel.
  • Vous formez ensemble un équipage, un groupe qui doit composer avec les attentes, les envies ou les craintes des uns et des autres, capitaine compris ! Vivre en équipage, c’est partager les tâches, participer à la bonne humeur du bord, faire preuve de souplesse, mais aussi s’organiser comme pour descendre ensemble à terre, et préserver ainsi les nerfs et la bonne humeur du capitaine !
  • Votre skipper a besoin de repos et/ou d’alléger la charge mentale liée à sa responsabilité de skipper, vous pouvez revoir avec lui l’itinéraire prévu qui est peut être trop ambitieux, lui proposer de sauter une étape pour qu’il puisse se reposer dans l’après midi en faisant une sieste ou si vous en avez la compétence, l’aider sur les aspects importants de la navigation :
    • météorologie,
    • calcul de la route,
    • gestion de l’avitaillement à bord, de l’eau, du carburant, y compris celui de l’annexe
    • être prêt en permanence pour aider le propriétaire lors des manoeuvres, notamment celle d’accostage ou de mouillage (avec vos chaussures).

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