Cet article ne traite pas de la caisse de bord. Cf. ici pour sa définition
Pour mettre fin au débat qui anime certains de nos membres dans le forum, voici le point de vue de VogAvecMoi sur la pratique de la contribution aux frais d’entretien du bateau dans la co-navigation.
Certains propriétaires demandent au surcroît de la participation à la caisse de bord, une participation forfaitaire aux frais d’entretien du bateau. Certains trouvent ça normal, d’autres scandaleux. Nous intervenons pour vous apporter les éléments nécessaires à la compréhension de cette dualité de fonctionnement pour clore définitivement le débat.
Bref historique et contexte de la bourse aux équipiers et de la co-navigation
Depuis que la plaisance existe, c’est à dire depuis que l’homme prends la mer pour le plaisir et non pour se nourrir ou gagner sa vie, le principe de la bourse au équipiers existe. Les premiers yacht à voile par leur complexité et la force physique nécessaire pour les manœuvrer nécessitaient un équipage nombreux. On peut dater cette époque de la fin du 19ème siècle.
Les propriétaires étaient des gens riches qui recherchaient de la main d’œuvre bénévole ou rémunérée pour ses services.
La co-navigation est beaucoup plus récente, VogAvecMoi revendique la paternité de ce terme pour l’avoir utilisé la première fois en 2011. Il entrera dans le dictionnaire bientôt.
Pourquoi nous avons décidé d’utiliser ce terme :
– premièrement car l’expression « Bourse aux équipiers » était datée et ne permettait pas de donner une image moderne du concept
– Deuxièmement, les conditions de navigation réservées aux équipiers ont changé, les bateaux sont devenus confortables, les manœuvres facilitées au point que l’équipier au sens technique du terme n’est plus requis. La plupart du temps, c’est le bon compagnon qui est recherché avec ou sans compétence de navigation.
– enfin, troisièmement, un mouvement était né dans les années 2000 appelé « consommation collaborative », dont le co-voiturage était le « fer de lance » et nous avons découvert que certains propriétaires appliquaient ces principes sur leur bateau : partager le plaisir, bien sûr, mais également partager les frais.
Nous rappelons que le partage des frais en matière de co-voiturage est légal. Cf l’arrêt de la cour de cassation du 12 mars 2013 et l’interprétation de cet arrêt par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le lien précédent étant désormais inactif, voici un nouveau lien où la DGCCRF entérine que le partage de frais n’est pas considéré comme un revenu : « Dans ces conditions, le partage de frais n’est pas soumis à la TVA, ne constitue pas un revenu et le conducteur n’est pas dans l’obligation de cotiser pour les heures de conduite qu’il effectue. »
Comme vous pouvez le remarquer, nous continuons d’utiliser les deux termes preuve que les concepts de bourse aux équipiers et de co-navigation co-existent.
En tant que club, nous n’avons ni intérêt à ce que l’un ou l’autre ne prenne le dessus. Nous ne faisons que constater que les deux pratiques existent et nous devons permettre que les deux conceptions puissent s’exprimer.
Nous constatons dans le forum des réflexions de membres qui prêchent pour l’une ou pour l’autre des solutions. Certains pratiquants de la bourse aux équipiers essayent de stigmatiser ceux qui pratiquent la co-navigation. Nous condamnons ce genre de propos, qui n’a pas sa place sur VogAvecMoi.
Pour un propriétaire de bateau, il y a beaucoup de bonnes raisons de pratiquer la bourse aux équipiers ou la co-navigation.
Les voici :
1. Les bonnes raisons de pratiquer la bourse aux équipiers (partage de la caisse de bord seulement)
Ce sont les propriétaires qui…
– ont des bateaux qui n’a pas coûté cher à l’achat et/ou qui ne coûte pas cher à l’entretien (vieux bateaux, petits bateaux, bateaux transportables…)
– ont des bateaux chers, qui leur coûtent cher, mais qui n’ont aucun soucis financiers avec leur bateau
– qui recherchent des équipiers expérimentés pour parfaire leur expérience de chef de bord
– qui recherchent un/une compagne
– dont l’âge ne leur permet plus de sortir seul pour des questions de sécurité
– pratique la régate
2. Les bonnes raisons de pratiquer la co-navigation (partage de la caisse de bord et des frais du bateau)
Ce sont les propriétaires qui …
– sont passionnés et qui consacrent toutes leurs finances dans leur bateau au détriment de leurs autres loisirs, de leur épargne, de leur patrimoine immobilier…
– dont les revenus ont diminués depuis qu’ils ont acheté leur bateau
– avaient mal évalué le coût de possession d’un bateau et qui doivent le partager ou le vendre car ils représentent un budget disproportionné par rapport à leurs revenus
– qui considèrent que la contribution aux frais est une sorte de droit entrée qui permet de trouver des équipiers du même niveau social et donc de limiter les mésententes
– qui considèrent que la participation aux frais est une règle de courtoisie, quand vous êtes invités à un mariage, ne faîtes vous pas un cadeau d’égale valeur?
– qui se servent seuls de leurs bateaux alors qu’ils pourraient être utilisés à plusieurs. Ils trouvent intelligent de le partager avec ceux qui n’en ont pas contre une juste rétribution des frais de possession-> vision de l’économie collaborative.
3. Limite entre partage de frais et business?
Contrairement à d’autres services qui se prétendent de co-navigation, VogAvecMoi n’est pas UberPop. Notre politique n’est pas de transformer chaque propriétaire de bateau en travailleur indépendant, ne payant pas d’impôt, pas de charges sociales au détriment des skippers pro faisant de la sortie en mer ou de la croisière leur métier. Nous nous sommes déjà largement expliqués dans ces deux billets du blog la dessus : Apprendre la voile : école de voile ou co-navigation et Croisière en co-navigation contre croisière avec skipper pro.
Nous prônons une co-navigation conviviale et non commerciale. Aussi nous avons déjà arrêté une formule de calcul des frais partageables (Cliquez-ici pour voir la clause retenue dans le contrat d’assurance bateau spécial co-navigation que nous proposons).
Nous prévenons les propriétaires de bateaux qui ne respectent pas ces règles pour qu’ils s’adaptent ou qu’ils quittent VogAvecMoi.
4. Les risques pour ceux qui essayeraient d’en faire un business
Les propriétaires de bateaux ne respectant pas ces règles encourent 3 risques :
– d’être appréhendés par les autorités compétentes pour exercice illégale de la profession de skipper professionnel ou pour défaut d’assurance professionelle ou pour travail clandestin
– de ne pas être couvert par leur contrat d’assurance responsabilité civile de particulier en cas d’accident avec un équipier.
– de n’avoir aucun contact chez nous : la pratique de la bourse aux équipiers étant encore très répandue, les propriétaires demandant une participation trop élevée n’ont pas de réponses à leurs annonces.
Pour conclure, c’est à chacun des propriétaires de choisir son type de fonctionnement financier, les deux ont leur avantages et inconvénients. Concernant les équipiers, c’est également à chacun de choisir son mode de participation en fonction de son budget.
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